Tousse en piste – action de blocage de l’aéroport de Chambéry

C’est avec grande surprise que nous apprenons au briefing de l’action que le blocage se fera le jour-même (samedi 15.02.2020) et non le dimanche comme annoncé depuis plus d’un mois. Créant la surprise générale, non seulement au sein des militant.es, mais par la même occasion pour les forces de l’ordre qui, malgré quelques doutes, ne s’y attendaient pas.

Le blocage s’est mis en place sereinement puis, après avoir calmé la colère d’un employé, s’est poursuivi dans une ambiance conviviale et bienveillante. Nous pouvions voir devant des militant.es assis.es par terre emmêlé.es  entre elleux afin de gêner au maximum les forces de l’ordre lors de l’expulsion. Derrière elleux se trouvaient les « arm-lockeur.euses« , des personnes se tenant entre elles par l’intérieur d’un tube.

Après un long moment à se mettre en place, chanter et discuter, mais aussi à parlementer avec la gendarmerie, les CRS sont arrivé.es. Le délogeage a commencé par un gazage. Une bombe a été vidée entièrement à bout portant sur la première ligne, comme on peut le voir sur la vidéo qui circule sur le net. Pour autant, les lignes de derrière ne sont pas restées en reste. L’expulsion a eue lieu avec quelques vices de procédures puis les militant.es se sont fait « nasser » sur le côté tout le restant de la journée. Empêchant certain.es militant.es de venir en aide aux « arm-lockeur.ses » (donner à boire, gratter le dos, etc., …). C’est vers 15H30 et après qu’une équipe soit allée bloquer un court moment l’autre accès de l’aéroport que l’ensemble des militant.es trouve un terrain d’entente avec les forces de l’ordre : personne ne sera arrêté ou poursuivit en échange de quoi, les « arm-lockeur.ses » libèrent l’accès principal de l’aéroport. L’entrée sera libérée totalement vers 16H.

#balancetonaéroport

Communiqué des « Amis de la Terre savoie », « Extinction Rebellion Chambéry » et « ATTAC Savoie » :

Pourquoi ce blocage ?

Pour dénoncer l’irresponsabilité sociale et environnementale de  nos décideurs publics, notamment en regard de l’urgence climatique, et la prédation des fonds publics par la multinationale VINCI à travers la gestion des aéroports.

Contexte global

Si le transport aérien était un pays, il serait le 7ème plus gros pollueur de la planète. Avec les émissions de CO2 dues à la combustion du kérosène et l’impact des traînées de condensation et des oxydes d’azote rejetés, le transport aérien est à l’origine de 5% du réchauffement climatique mondial1.

Au niveau mondial, les émissions de CO2 du transport aérien ont plus que doublé en 20 ans. En France, le trafic aérien occasionnait 21,4 Mt CO2 en 2012 : un quart était imputable aux vols intérieurs, le reste aux vols internationaux. Globalement, le trafic aérien français a connu une hausse de près de 62% de ses émissions de CO2 depuis 1990. Paradoxalement, le transport aérien échappe à toute taxe sur le carburant en France2.

Pourtant prendre l’avion n’est pas une activité essentielle. Les Français·es qui volent beaucoup sont les 10 à 20% les plus riches, avec des revenus mensuels de plus de 2500 €3. Selon l’enquête4 réalisée par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) entre 2015 et 2016, 50% des passager·es sont issu·es de catégories socio-professionnelles supérieures, quand seulement 2% sont ouvrier·es et 4% sans emploi.

Si prendre des mesures radicales concernant le transport aérien est une nécessité pour être à la hauteur de la crise écologique, c’est aussi un moyen efficace pour réduire les inégalités qui minent notre pays.


Contexte local

Alors que le gouvernement souhaite privatiser les Aéroports de Paris, nous rappelons l’importance de ne pas livrer la gestion des aéroports à la rapacité du secteur privé. Une récente enquête de Mediacités5 révèle que la gestion de l’aéroport de Chambéry (ainsi que celles d’autres aéroports de la région Auvergne Rhône-Alpes comme l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry) vide les caisses des collectivités pour mieux remplir les poches de Vinci et de ses actionnaires, tout en réduisant le personnel.

L’aéroport de Chambéry est également le symbole archaïque d’une économie absurde, dépassée et réservée à une élite aisée : l’économie liée aux sports d’hiver. Cette économie accompagne également la destruction du vivant via l’artificialisation des milieux naturels, l’utilisation toujours plus importante d’énergies fossiles, le gaspillage des ressources en eau…


Nos revendications

Nous exigeons la mise en cohérence immédiate des décisions politiques et actes avec nos objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2025 et de justice sociale, laquelle nécessite de :

> Réduire drastiquement le recours au transport aérien aux rares cas d’extrême nécessité.

> Nationaliser toutes les infrastructures aéroportuaires et en assurer une gestion par des acteurs publics.

> Interdire le développement d’infrastructures aéroportuaires et de flottes d’avions, nouvelles et existantes.

> Supprimer les subventions publiques aux aéroports et au transport aérien.

> Taxer lourdement les carburants utilisés en aviation.

> Réaffecter ces moyens vers la promotion et la gratuité des transports en commun moins polluants.


Pour toutes ces raisons, les Amis de la Terre en Savoie, ATTAC Savoie et Extinction Rebellion Chambéry ont bloqué l’aéroport de chambéry durant une partie de la journée du 15 02 2020.